Jean 13, 16-20

« La miséricorde, force de pardon et d’amour par delà la trahison »
© Bulent Kilic / AFP, Réfugié syriens à la frontière turque, juin 2015

Conclusion de la scène du lavement des pieds, le discours de Jésus nous commande son exemple : le service, celui de l’agenouillement sous toutes ses formes devant le frère. 

Il nous révèle aussi son identité divine par son JE SUIS (v.19) écho au tétragramme révélé au buisson ardent, confessé ici, non pas par des signes de sa toute-puissance, mais dans son choix de la personne de Judas (celui qui va le livrer), bien que Jésus sache tout cela par avance … il le choisit quand même.
C’est en cela, nous dit-il que nous croirons en lui … quand nous saurons que Judas avait été choisi quand même, et malgré tout (v.18-19).
Là se situe peut-être le véritable et grand service offert à tout homme : son agenouillement (et par conséquent celui de tous disciples) devant l’homme faible et pécheur. Aimer quand même et par dessus tout celui qui trahit, pardonner l’impardonnable. À toutes nos déchirures personnelles et communautaires, nos amours et amitiés bafoués, Dieu répond par la force de sa miséricorde sans limite.
Là, est le renversement opéré par le Christ dans le don total de sa vie et de son pardon donné à tous les hommes sur la Croix.
Là, est peut-être le secret de cette hospitalité divine et sa contagion en ricochet : « si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. » 
Envoyer et choisir des êtres faibles et pécheurs, pouvoir les accueillir, c’est déjà vivre et refléter l’immense tendresse de Dieu, l’unique témoignage que Jésus nous commande et qui permettront à nos contemporains de le reconnaître comme Fils de Dieu.
« À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13,35).

3 commentaires

  1. UN SERVITEUR N’EST PAS PLUS GRAND QUE SON MAÎTRE, NI UN ENVOYÉ PLUS GRAND QUE CELUI QUI L’ENVOIE. SACHANT CELA, HEUREUX ÊTES-VOUS, SI VOUS LE FAITES (Jn 13, 16-20). La sagesse se nourrit d’expériences, d’observations, d’essais et d’erreurs. Mais elle est surtout le lieu de la croissance intérieure, l’occasion où l’intelligence s’éprouve et s’émeut. Après s’être agenouillé pour laver les pieds de ses disciples, JÉSUS reprend le siège du Maître. Après s’être abaissé, pour purifier les disciples de la poussière due à la mission, le Maître retourne à sa place. Après avoir séjourné dans les profondeurs de la misère humaine, après avoir côtoyé les régions les plus obscures de nos cœurs et les douleurs de nos âmes, DIEU retrouve sa gloire. Si habituellement, c’est le malade qui va chez le médecin, que c’est le pécheur qui s’approche de son SEIGNEUR, DIEU pose ici un acte contraire. Le Maître se fait serviteur ; le grand devient le petit ; celui qui envoie habituellement devient l’envoyé. Quand l’Homme se trouve dans l’impossibilité d’agir, quand le pécheur manque d’issues, quand CELUI qui envoie, n’a plus de répondre de la part de l’envoyé, un tel silence ou une telle situation inhabituelle motive DIEU à agir. Car, la vie avec LUI, ne se résume pas à un ensemble de formules canoniques, encore moins à des règles ou à des canevas précis et préétablis. DIEU entretient avec l’Homme une relation réciproque et dynamique. Et la foi qui entretient cette relation, est aussi capable de renverser l’ordre naturel des choses, sans pour autant ébranler le croyant dans ses convictions. Car, renverser ne signifie pas forcément détruire, encore moins perdre de son potentiel. DIEU n’a rien perdu de sa divinité, parce qu’IL s’est abaissé pour laver les pieds des disciples. IL n’a pas non plus cessé d’être DIEU, parce qu’IL a assumé notre condition humaine. Servir n’équivaut donc pas à perdre en dignité. Tout au contraire, le service, en toute humilité d’esprit et de cœur et surtout envers les plus pauvres, les moins nantis, est le chemin de la grandeur. Si nous savons le reconnaître, heureux sommes-nous. Mais, il ne suffit pas simplement de le reconnaître. Il faut surtout le vivre, en prenant soin des plus pauvres et de ceux qui subissent au quotidien, le poids de la vie, par manque de toit, de nourriture, de vêtements, d’éducation, de catéchèse. Bonne journée de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

  2. UN SERVITEUR N’EST PAS PLUS GRAND QUE SON MAÎTRE, NI UN ENVOYÉ PLUS GRAND QUE CELUI QUI L’ENVOIE. SACHANT CELA, HEUREUX ÊTES -VOUS, SI VOUS LE FAITES (Jn 13, 16-20). Dans l’ordre de la divinité, il n’est pas question de grandeur ; car, l’esprit de grandeur génère l’orgueil, l’exploitation abusive de l’autre, l’esprit du pouvoir et de la domination. Le serviteur n’a jamais fini d’apprendre du maître, tout comme l’envoyé reste à l’écoute de celui qui l’envoie. Ainsi, la règle d’humilité et de service traverse toute la relation du serviteur et du maître, de l’envoyé et de celui qui envoie. Et ce n’est que dans cette logique que s’insère l’amour, le dialogue et le service désintéressé. Après s’être abaissé pour laver les pieds de ses disciples, après les humiliations de la passion et de la croix, le CHRIST n’a rien perdu de sa divinité et de la gloire qu’IL avait auprès du PÈRE, bien avant le commencement du monde. Bien au contraire, ces gestes d’humilité sont devenus pour nous des exemples et des modèles à imiter. Le service envers le prochain n’enlève rien à ce que nous sommes déjà. L’Homme ne perd pas sa dignité en s’abaissant pour rendre service aux autres, plus encore aux pauvres, aux malheureux. Bien au contraire, c’est devant de tels gestes, qu’il manifeste toute sa grandeur et sa capacité à savoir s’abaisser. Et c’est dans cet abaissement que DIEU l’exalte. Le service réciproque contribue à réduire les distances et les barrières sociales qui nous maintiennent distants et éloignées les uns des autres. En s’agenouillant pour laver les pieds de ses disciples, c’est DIEU qui s’agenouille devant l’Homme pécheur, devant l’indigne, afin de le relever et de susciter en lui l’éveil à la conversion, à l’amour, à l’espérance. IL continue ainsi d’exprimer son amour pour celui qui le renie et même pour celui qui le trahit. Heureux serons-nous si nous nous mettons à cette école divine, qui voit d’abord le pardon avant la vengeance, qui désire l’amour à la place de la trahison. Car, en pardonnant, DIEU invite à pardonner ; en aimant, IL recommande aussi à d’aimer. Et la plus grande désillusion de l’Homme serait d’oublier les valeurs plus grandes de la vie, en perdant de vue ses capacités et ses aptitudes à pardonner, à aimer, à servir, à se rendre disponible, même quand le cœur et la raison éprouvent parfois des résistances. C’est dans l’acte de pardonner et de faire miséricorde, qu’est exprimé le véritable amour. Bonne journée de méditation et de travail
    Abbé ACHILLE KANDI, Archidiocèse de Bertoua

  3. Chaque jour La parole nous ressuscite. Ne sommes-nous pas, dans les pas du Fils de l’Homme, envoyés les uns aux autres pour accomplir en lui, le service des services, le par-don? Dans une joie parfaite « heureux êtes-vous » ?
    Au soir du Jeudi-Saint, c’est la réalité brûlante du buisson ardent (Ex. 3,14). Jésus, envoyé du Père, « JE SUIS » agenouillé, « déchaussé » devant sa créature destinée, dans la ressemblance restaurée, à ne faire plus qu’un avec lui.
    Au jour le jour, c’est un avertissement pour ne pas m’enfermer moi-même, ni enfermer l’autre dans ce qui,  » à mes yeux » (Qu’en est-il aux yeux de Dieu?) défigure la ressemblance que Dieu se plaît à sauver dans un pardon sans mesure.

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