Luc 16, 1-8

Un magouilleur intelligent mais dévoilé, qui prend la liberté de réduire la dette des débiteurs de son maître. Un maître qui semble faire la publicité de la mauvaise gestion, voire de la malhonnêteté avérée et qui qualifie la démarche du filou d’‘avisée’.

Provocation ! Où est l’interpellation évangélique ?

Il semble que l’intérêt que prélevait le gérant pour lui-même et qu’il ajoutait aux dettes dues à son maître, faisait partie des habitudes admises et tolérées. L’intendant dépendait donc, pour sa vie, des ressources qu’il détournait en majorant les dettes dues son maître. Agissant ainsi, il se rendait maître du jeu. Il le demeurera jusqu’au jour où, nécessité faisant loi, il remet son sort entre les mains de ceux dont il profitait. Là s’opère un basculement. Il devient l’obligé de ceux à qui il a remis des dettes. D’une dépendance voilée par le stratagème, l’homme passe à une dépendance sans ruse et assumée. A présent, les autres ne lui apporteront plus rien dans quoi il pourra prélever, mais ce sera lui qui ira vers les autres, frappera à leur porte et espérera en leur hospitalité : « qu’il y en ait qui me reçoivent dans leurs maisons quand je serai relevé de mon intendance ».

Que tirer de cette parabole ?
 Il me vient une idée : quelles que soient les manières plus ou moins honnêtes dont nous vivons, il est toujours possible de remettre des dettes, celles qui nous sont dues, mais aussi celles qui abîment toute relation. Même un cœur de magouilleur peut faire cela. Dit autrement, et plus audacieusement encore, il est toujours possible d’oser ne fut-ce qu’un peu, le pardon et la confiance. Cet évangile n’invite-t-il pas aussi à renoncer au pouvoir, pour entrer dans une salutaire dépendance ? Il nous prémunit d’un fonctionnement qui nous conduirait à la suffisance (…) pour nous placer sous le règne du lien. En n’importe quelles circonstances, notre habileté peut nous faire emprunter les chemins de la grâce, ou plutôt, la grâce se glisse dans n’importe quel chemin. Oui, en passant d’une stratégie où il force la main à une soumission à la liberté de l’autre, l’intendant emprunte, par la voie de l’ébranlement, un passage vers la grâce.

Seigneur,
Lorsque nos plans sont ébranlés, tu t’immisces dans les failles
Et nous découvrons enfin
La grâce de dépendre des autres et de Toi. (Cf. M.M.C)

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