Luc 7, 36-50

A la croisée des regards…

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© Régine Chardon, Un certain regard

Pour situer trois personnes en relation, l’Evangile de ce jour nous rend attentifs aux échanges de regards qui s’entrecroisent au fil du récit et nous conduisent vers le dévoilement d’une parole.

Le regard de Simon le Pharisien sur l’entrée inattendue de cette femme en errance, sur ses gestes déplacés et scandaleux : regard de condamnation. Le regard de la femme sur Jésus, déchiffrable à travers les gestes concrets d’un corps vers un autre corps : regard d’attente et de confiance. Le regard de Simon sur Jésus qui se manifeste à partir des pensées montées de son cœur : regard de déception et de soupçon. Le regard de Jésus sur la femme prosternée à ses pieds, dans l’accueil de ses gestes comme offrande d’elle-même et qui le place lui-même en rupture avec la loi de pureté : regard de l’accueil inconditionnel de l’autre, discernement de son attente, de sa demande, de sa soif. Enfin le regard de Jésus sur Simon, à travers la parole adressée au Pharisien – « Simon, j’ai quelque chose à te dire » : regard d’espérance dans la capacité d’ouverture de ce frère, au cœur même de sa fermeture.

Nous voici situés à la croisée de ces regards pour entrer en vigilance et discernement, dans les relations qui tissent nos vies : il nous faut apprendre à regarder, si du moins nous consentons à nous laisser regarder par Jésus comme il regarde cette femme, comme il regarde Simon

Ce consentement à accueillir le regard de Jésus sur nos vies nous introduit dans le territoire du pardon inconditionnel et originel de Dieu dans nos histoires : en Dieu, pas de préalable au pardon ! Entre nous, humains, une seule condition : croire que rien ne peut définitivement nous fermer les portes de l’amour. Ni nos errances, ni nos jugements, ni nos principes érigés en lois d’exclusion, ni nos peurs de perdre notre place ou notre identité.

Alors vient la parole de révélation, unique pour chacun d’entre nous : « J’ai quelque chose à te dire. Tu vois cette femme »… Regarde cet autre qui fait irruption dans ta vie trop close : en attente d’un lien véritable, d’une reconnaissance face à face… De regard à regard

Je ne vous demande qu’une chose : le regarder… Porter sur lui le regard de l’âme… Car, lui, ne vous perd jamais de vue. Considérez qu’il n’attend de vous qu’un regard : et selon que vous l’aurez aimé, vous le trouverez ; car il estime tant ce regard qu’il ne négligera rien pour l’obtenir. (Thérèse d’Avila, Chemin 26, 3)

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