Matthieu 8, 1-4   

Peut-être n’avons-nous jamais approché un lépreux. Mais nous connaissons la réalité du corps lépreux de notre humanité blessée. Celle qui habite nos écrans, la toile, nos journaux, nos espaces publics, se cache derrière nos fenêtres, et est pour tant d’êtres, l’horreur de leur quotidien…. Elle nous saute au visage partout, tout le temps, elle peut habiter nos cœurs et notre propre chair. Étouffera-t-elle la beauté, la bonté, la tendresse, tuera-t-elle l’Espérance ? Qu’a-t-il à nous dire le lépreux de l’Evangile ?

Rebuts de l’humanité, l’exclu, l’intouchable, l’excommunié de toute relation avec l’humain comme avec Dieu, qui doit crier « impur, impur ». Là où des foules « suivent » Jésus dans la « descente » de la Montagne des Béatitudes , « un seul » se risque à passer « devant » Lui. Comment cet infrahumain dont « lépreux » est devenu le nom et l’identité, se risque-t-il à fendre la muraille de la foule des bien-portants, des bien-pensants, des « observants », des « purs »… ?

Dans cette chair corrompue comme enveloppée d’un linceul, « mort – vivant », il « s’approche » du Dieu  Saint. Car il le reconnaît, lui, « l’impur », puisqu’il « se prosterne » et qu’on ne se prosterne que devant Dieu. Et de sa chair morte, abandonnée au Vivant qui lui fait face, monte le Souffle et il dit :
« si tu veux, tu peux me purifier »
Et Jésus «ayant étendu la main, il le toucha et dit », comme en écho, avec des mots communs :
« Je veux, soit purifié ».
Dans cette « Union de volontés», communiant « aux vouloirs du  Père »
« Vite, il est purifié de sa lèpre »

« L’intouchable est touché » L’exclu est inclus : « Ne le dis à personne, dit Jésus, va te montrer au prêtre et offre … en témoignage pour eux » Purifiée, ta chair témoignera. Tout entier, tu deviendras Parole.

Le toucher, ce sens infiniment humain, humanisant l’humanité au premier souffle et au dernier et tout au long de la vie. Combien touchant est ce « toucher humain » du Fils de Dieu, ce « toucher divin » du Dieu fait homme. Dans sa chair Il épouse la lèpre de l’humanité et nous inclut à nouveau dans la communion humaine et divine. Le don de la foi qui nous a « purifiés de toute souillure », n’est-il pas expérience de ce « toucher divin » ? Ne nous est-il pas confié pour que les Béatitudes proclamées sur la Montagne prennent chair en notre humanité ?

«Proximité » dit notre Pape François. « Jésus ne met jamais personne au rebut, jamais! Il se met lui-même au rebut pour inclure les laissés pour compte, pour nous inclure nous, pécheurs, laissés pour compte, avec sa vie. Mais est-ce que je sais m’approcher? Ai-je la force, ai-je le courage de toucher les laissés pour compte? Ai-je le courage de m’approcher ou est-ce que je prends mes distances? Ai-je le courage de raccourcir les distances, comme l’a fait Jésus? »

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